Visiter Saskatoon : art, gastronomie et durabilité

Crédit : Tourism Saskatchewan

Saskatoon, l’une des villes les plus sous-estimées au pays, compte de nombreux espaces verts et une offre culturelle étonnante. Depuis 2022, la plus grande agglomération de la Saskatchewan – aussi parmi les plus ensoleillées au pays! – a mis en œuvre une série de mesures pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport aux niveaux de 2014, et de 80 % d'ici 2050, en plus de favoriser le transport actif. La ville mise notamment sur l’énergie renouvelable – éolienne, solaire et hydraulique – et à faible émission pour améliorer son bilan de carbone.

30 juin 2017. En sortant du train le Canadien, qui m’a emmenée de Toronto à Saskatoon, j’ai l’impression d’halluciner : des flashs verts dansent au-dessus de ma tête. Des aurores boréales! Comme accueil, difficile de faire mieux. Voilà qui promet pour cette première escale dans la plus grande ville de la Saskatchewan!

Les jours suivants ne me déçoivent pas. Me trouvant par hasard en plein SaskTel Saskatchewan Jazz Festival, je profite pleinement de l’animation de la ville. En plus des concerts, je goûte à la cuisine de rue dans l’une des artères fermées à la circulation. Ma visite coïncide aussi avec les célébrations entourant la fête du Canada. La bonne humeur des habitants est contagieuse.

Ce qui me charme surtout, en plus de l’atmosphère franchement conviviale? La possibilité de me déplacer facilement à pied. Au Gather Local Market, qui recèle de nombreux délices, je découvre des produits régionaux en tous genres et discute avec des artisans. C’est aussi le festival des petits fruits. Miam!

Crédit : Tourism Saskatchewan et Marie-Julie Gagnon

Des retrouvailles, sept ans après

Décembre 2024. Je pose ma valise à l’hôtel Alt, avec vue sur la rivière Saskatchewan Sud. Inauguré en 2019, l’établissement se trouve en plein centre de la ville, en face du Remai Modern, musée inauguré quelques mois après ma première visite. Ma curiosité est bien piquée : on y trouve notamment la collection la plus complète de linogravures de Pablo Picasso. Oui, à Saskatoon!

J’aime tout des hôtels Alt, des chambres fonctionnelles, douillettes et sans flaflas aux espaces publics où l’on peut se poser avec son ordinateur dans une atmosphère feutrée. Surtout, j’apprécie l’engagement de la marque canadienne à améliorer ses pratiques durables, comme dans l’ensemble des établissements Germain Hôtels. Par exemple, exit les bouteilles d’eau en plastique à usage unique : les personnes qui n’ont pas de contenant à remplir aux stations d’eau disposées un peu partout peuvent acheter des bouteilles d’eau en aluminium North Water à la boutique de l’hôtel.

Du marché local au musée

Curieuse de revoir le Gather Local Market, je m’y rends dès l’ouverture. En plein mois de décembre, ce ne sont pas les petits fruits qui attirent mon attention, mais le vaste choix de sauces piquantes. Pourquoi autant d’options? L’un des vendeurs m’assure que chacun d’entre eux – ils se connaissent et s’estiment tous – a quelque chose de différent à offrir. « C’est vraiment une question de goût, dit-il. Avec des noms comme « Macho Mustard » et « Zombie Punch », celles de Deadly Dan piquent assurément la curiosité! Note à moi-même : venir un peu plus tard en journée la prochaine fois et faire une dégustation.

En franchissant le seuil du Remai Modern, je découvre les quelque 3 000 pièces multicolores suspendues au plafond. Impossible de ne pas s’attarder à la Spinner Forest de Nick Cave – l’artiste contemporain, pas le chanteur –, originaire de Chicago. Au-delà des couleurs attrayantes, on remarque des formes qui portent à la réflexion : une larme, un fusil, un symbole de paix…

Crédit : Tourism Saskatchewan

En plus de mettre en valeur le travail d’artistes canadiens, dont Alison Norlen, qui vit en Saskatchewan depuis une trentaine d’années, Lawren S. Harris, reconnu pour ses paysages, Jim Graham, originaire de la province, et la célèbre peintre britanno-colombienne Emily Carr, le musée possède la plus vaste collection de linogravures de Pablo Picasso, dont 405 pièces ont été offertes par la Frank and Ellen Remai Foundation.

Depuis octobre 2022, les frais d’admission ont par ailleurs fait place à une contribution volontaire. « Le musée s’appelle Remai Modern en l’honneur de Frank et Ellen Remai, explique Stephanie McKay, directrice des communications. Ellen, qui est notre plus grand soutien, a eu un impact considérable d’un point de vue philanthropique. Elle a fait don de plus de 100 millions de dollars à ce seul musée. Lorsque nos nouveaux PDG sont arrivés, ils ont entendu dire que le droit d’entrée était une barrière pour certaines personnes. Ils se sont demandé comment rendre cet endroit accessible, car l’art devrait être pour tout le monde. Ellen était d’accord et a apporté son soutien. Ellen s’est engagée à verser 500 000 dollars par année pendant les 20 prochaines années pour que les droits d’entrée au musée puissent être faits sur une base volontaire. […] Notre taux de fréquentation a augmenté de façon phénoménale. L’année dernière, nous avons même connu notre année la plus achalandée. » Plus de 213 000 personnes ont ainsi pu admirer l’éclectisme de la collection, qui compte au total plus de 8 000 œuvres d’art.

Inclusion et gourmandise

L’inclusion est au cœur des préoccupations du Remai Modern. « Toutes nos portes sont accessibles aux personnes en fauteuil roulant, précise Mme McKay. Tous nos panneaux sont également en braille. Nous travaillons avec un grand nombre de groupes communautaires différents pour nous assurer que les personnes qui ne pourraient peut-être pas venir au musée peuvent quand même accéder à nos programmes. […] Nous travaillons aussi avec des groupes de nouveaux arrivants pour qu’ils puissent amener des gens ici et leur permettre de mieux connaître leur ville. Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux moyens d’améliorer l’accessibilité. Plus récemment, nous avons mis en place des visites peu sensorielles [adaptée aux personnes ayant des besoins sensoriels particuliers]. Nous tamisons les lumières et nos guides expliquent à tout le monde à quoi s’attendre, ce qui est très utile, en particulier pour les personnes autistes. »

J’avoue avoir un faible pour l’exposition Life in Print, qui porte sur la passion commune de Picasso et de l’artiste sud-africain William Kentridge pour l’estampe.

Avant de quitter les lieux, je m’arrête au Hearth Restaurant, reconnu pour sa cuisine inspirée des saveurs locales et saisonnières, en plus de proposer des options végétariennes. Depuis 2023, il se trouve dans le bâtiment du musée, face à la rivière Saskatchewan Sud. Comme mon hôtel n’est qu’à trente secondes à pied, je ne résiste pas à siroter l’un des cocktails signature, le Saskatoon club, à base d’un gin local infusé à l’hibiscus, avant d’enchaîner avec une assiette de champignons sauvages couchés sur une sauce Mornay que j’accompagne d’un verre de rouge. Encore un autre avantage des déplacements à pied!

Plus tard, je découvre que la distillerie Stumbletown, d’où provient le gin de mon cocktail, propose plusieurs visites guidées, dont la « Gin Experience » et la « Whisky Experience », qui incluent toutes deux des leçons pour apprendre à créer des boissons.

Crédit : Tourism Saskatchewan

Quand j’apprends qu’il est aussi possible de dormir dans l’un des dômes luxueux du Blackstrap Provincial Park et d’en apprendre davantage sur la culture autochtone et les Prairies grâce aux excursions du Wanuskewin, qui se traduit par « recherche de la paix d’esprit », je me fais la promesse de revenir.

Crédit : Tourism Saskatchewan

Créé en 1983, le parc du patrimoine Wanuskewin se trouve à l’emplacement d’un site sacré et lieu de rassemblement depuis plus de 6 400 ans. En été, des promenades accompagnées ayant pour thème l’archéologie, les plantes indigènes ou même les bisons (oui, il y a des bisons!) sont notamment offertes. On y trouve aussi un restaurant, qui sert entre autres un hamburger de bison, de la bannique (un pain plat à la base de l’alimentation des colons) et des mets à base de plantes.

Crédit : Tourism Saskatchewan

Encore plus excitant : on peut prendre part à un repas en plein air à trois moments pendant l’été. Le Han Wi Dinner se veut une sorte de célébration des Prairies du Nord par les sens. « Votre soirée commence par une promenade guidée dans la vallée d’Opimihāw qui vous mènera à notre village de tipis, où vous en apprendrez davantage sur les cultures, l’histoire et la science de la terre, résume le site Web du parc. Ensuite, vous dégusterez un repas de plusieurs services inspiré de la terre, suivi d’un dessert, d’un conte et d’une présentation culturelle, avec une vue panoramique sur la rivière Saskatchewan Sud et la vallée d’Opimihāw au coucher du soleil. »

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je sais déjà à quel moment je veux repasser dans le coin!

En vrac :

• Le SaskTel Saskatchewan Jazz Festival a lieu chaque année au début du mois de juillet. Un excellent moment pour découvrir la ville en pleine effervescence!
• Le jazz n’est pas le seul style à l’honneur à Saskatoon : un Folkfest a aussi lieu en août.
• Il sera possible de vivre l’expérience du repas au parc Wanuskewin (Han Wi Dinner) seulement à quelques dates pendant l’été. Le parc propose aussi une exposition d’art autochtone, 6 km de sentiers et la possibilité de passer la nuit dans un tipi.
• Aussi à faire en été : louer un vélo et emprunter la piste cyclable qui longe la rivière et faire une excursion en planche à pagaie.
• D’autres restaurants à découvrir : Filosophi, qui mise sur les ingrédients des Prairies, le Living Sky Café, détenu par deux amies qui se sont rencontrées à l’école secondaire, et Odd Couple, entreprise créée par une famille d’immigrants hongkongais qui marie les cuisines cantonaise, japonaise et vietnamienne.
• Saskatoon se trouve sur le territoire traditionnel des Premières Nations signataires du traité n° 6 et dans la patrie des Métis.

Merci à l’hôtel Alt Saskatoon, dont j’étais l’invitée.