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Les récits de voyage en train des employés VIA Rail

Le Canadien - Voiture Skyline

Par Marie-Julie Gagnon

Temps de lecture: 9 minutes

Si les rencontres avec les autres passagers font sans contredit partie des moments marquants d’un voyage à bord du Canadien, écouter les histoires des employés qui ont traversé maintes fois le pays reste aussi divertissant que n’importe quelle série télé. Leurs anecdotes sont tantôt touchantes, tantôt hilarantes, et leurs impressions sur le voyage sont intéressantes et fascinantes. J’en ai recueilli quelques-unes pour vous.

VIA Rail a des bureaux dans plusieurs villes du pays. À bord du train le Canadien, deux équipes se relaient : une basée à Winnipeg, qui effectue le trajet vers et depuis Toronto, et une autre à Vancouver, qui complète l’itinéraire dans l’ouest du pays. Comme les employés en contact avec les passagers sont bilingues, c’est aussi l’occasion de constater la diversité canadienne. Plusieurs sont issus des communautés francophones du Manitoba ou de l’Ontario.

Amour et nostalgie

Lors de mon tout premier voyage à bord du Canadien, en 2010, j’ai rencontré un couple d’Allemands âgés venus célébrer leur anniversaire de mariage. « Nous avons fait ce voyage lors de notre lune de miel », m’avaient-ils raconté, les yeux embués. De belles histoires comme celles-là, il y en a plein à bord de ce train.

Chez VIA Rail depuis plus de 25 ans, Sherri Gaborieau a quant à elle été marquée par un couple qui a fait connaissance à bord du train à l’adolescence. « Ils se sont rencontrés quand ils avaient 16 ans, se sont mariés et sont revenus une cinquantaine d’années plus tard », raconte la directrice de services.

Sherri

Cinquième de sa lignée à travailler dans l’univers des trains, Mme Gaborieau a occupé divers emplois au fil du temps. « J’ai commencé dans la voiture-restaurant, puis j’ai fait les lits… » Même si elle a effectué du travail de bureau, c’est le voyage qu’elle préfère, tant pour le contact avec les passagers et avec ses collègues que pour les paysages. Elle s’étonne toujours devant les couleurs qui se déploient dans l’Est lors du trajet en automne. En Saskatchewan, les « montagnes roulantes » de la Qu’Appelle Valley lui décrochent encore la mâchoire, tout comme les Rocheuses. « J’adore être à bord, autant pour les rencontres que pour ce qu’on voit », confie-t-elle.

Champs de canola - Vallée Qu’Appelle
Pyramid Falls

Un voyage jamais banal

Mario Laurencelle, directeur de services lui aussi, est également au service de VIA Rail depuis plus d’un quart de siècle. Originaire des Prairies, il a grandi sur une ferme au sud de Winnipeg. Il a d’abord été serveur dans la voiture-restaurant, puis porteur. « Je suis venu travailler dans le train pour un été et je suis toujours ici 27 ans plus tard! » lance-t-il.

Mario Laurencelle

Crédit photo : Marie-Julie Gagnon

Il accueille aujourd’hui les visiteurs à la gare de Toronto ou de Winnipeg, selon le sens du voyage, et veille à ce que tout se déroule bien.

Malgré les longues heures de travail, il affirme prendre toujours autant plaisir à traverser le pays. « Ça, c’est la fenêtre de mon office », dit-il en pointant le paysage qui défile. « Je suis comme un kid in a candy store, tout le temps. J’ai probablement fait plus de 1 000 voyages et, chaque fois, c’est comme si c’était le premier. »

Saskatchewan en hiver
Saskatchewan
Coucher de soleil

Les Prairies Photos : Marie-Julie Gagnon

S’il ne se lasse pas des paysages de ses Prairies natales, l’observation d’animaux en Alberta se retrouve en haut de la liste de ses meilleurs souvenirs. « Il y a des cerfs, des lions des montagnes, des ours… J’ai même vu des loups dévorer une chèvre à travers la fenêtre du train. »

Le meilleur moment pour observer la faune selon lui? Au printemps, quand les ours sortent de leur tanière après de longs mois d’hibernation. « Parce qu’ils viennent juste de sortir, ils cherchent de la nourriture et viennent tout près, là où il y a du bruit. C’est en avril qu’on en voit généralement le plus. Mon meilleur moment, je l’appelle le “30 dans 30”. J’ai vu 30 ours en 30 minutes entre Jasper et Blue River. »

Quatre générations sur les rails

Né à Toronto, Érik Desbois a quant à lui grandi à Longueuil, sur la Rive-Sud de Montréal. Il vit maintenant à Vancouver, en Colombie-Britannique.

Erik Desbois - Coordonnateur des activités

« Mon grand-père était l’un des premiers ingénieurs de ce train, raconte le coordonnateur des activités. Ma fille a aussi commencé à travailler pour VIA Rail il y a quelques années. C’est la quatrième génération de notre famille. Elle a été porteuse et est maintenant conductrice. » Si son père s’est éloigné des rails, son oncle a lui aussi embrassé une carrière dans le monde ferroviaire.

Il lui arrive de raconter son histoire familiale aux passagers lors de présentations dans la voiture panoramique, photos à l’appui. Il faut dire qu’elles sont nombreuses, les anecdotes à s’être transmises d’une génération à l’autre!

Avant que VIA Rail ne reprenne le Canadien, c’est le Canadien Pacifique qui exploitait le train. « Le Canadien Pacifique avait aussi des hôtels, des avions et des bateaux, explique M. Desbois. On donnait à l’époque des laissez-passer aux employés et à leur famille qui leur permettaient de séjourner dans les établissements et d’utiliser les transports appartenant au réseau, et ce, gratuitement. Je dis pour rigoler que ma grand-mère pouvait aller voir le pape au Vatican avec sa passe du CP! »

Ces laissez-passer étaient valides à perpétuité, même dans le cas où un hôtel changeait de propriétaire. Presque centenaire, sa grand-mère a ainsi dégainé son « billet doré » en papier à l’hôtel Le Reine Elizabeth… en 2010. « Elle est arrivée de son village de l’Ontario, a sorti sa vieille lettre du CP et a dit : “Je veux une chambre”. La jeune femme au comptoir n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait. » Ses fils lui sont venus en aide pour retracer un patron au courant de l’existence desdits laissez-passer et la promesse fut honorée. L’histoire ne dit cependant pas si son « billet doré » lui a finalement permis d’aller voir le pape en chair et en os!

Des souvenirs pour la vie

Champ de canola
Jeune enfant regardant par la fenêtre du train
Chemin de fer enneigé

Basée à Montréal, Anick Cesaria est conseillère en marketing chez VIA Rail depuis plus de 20 ans. Elle a fait la promotion du Canadien pendant des années. Elle a eu la chance de traverser le pays à plusieurs occasions – en été comme en hiver, seule, avec des amis ou en famille.

Ce qui l’a le plus impressionnée? « Les Prairies! », répond-elle sans hésiter. Elle a même pu assister à un orage électrique. « C’était tellement beau! J’avais l’impression d’être en plein spectacle, rien ne cachait les éclairs. Je les voyais au loin qui remplissaient tout le ciel. J’étais dans le dôme et je ne voulais plus partir! »

Les champs de canola et de tournesol lui ont aussi laissé des souvenirs impérissables. « Le paysage après Winnipeg et les Rocheuses est à couper le souffle. »

« J’espère vraiment que tout le monde aura la chance de faire ce voyage un jour, poursuit-elle. Nous sommes fiers d’être Canadiens lorsque nous sommes à bord de ce train! »

Anick Cesaria - Conseillère en marketing

Moments mémorables à chaque voyage

Directrice principale, ventes internationales et nationales, Josephine Wasch vit quant à elle à Vancouver. Employée de VIA Rail depuis deux décennies, elle a vécu plusieurs moments forts à bord des trains. Elle a déjà vu les oiseaux « s’envoler comme un nuage d’argent en hiver ». Elle a aussi eu l’occasion de discuter avec un groupe de jeunes hommes amish qui se rendait à Jasper pour skier.

Josephine May à la gare de Caperol

Les aurores boréales font sans contredit partie de ses expériences les plus marquantes. « Même si on en voit davantage en hiver, il nous arrive d’en voir aussi à d’autres saisons », dit-elle.

Ce fut le cas en mai 2024, lors d’une saison des aurores particulièrement intense dans tout le pays. « Je me rendais de Vancouver à Jasper pour un événement professionnel appelé Rendez-vous Canada, raconte-t-elle. Pour l’occasion, nous avons accueilli un grand nombre de voyagistes internationaux à bord du train. J’avais vérifié à l’avance et les prévisions météorologiques indiquaient qu’il y avait 100 % de chances de voir des aurores boréales. Ce sont ces voyagistes qui décident s’ils vont mettre un produit dans leur brochure… Nous avons eu un merveilleux dîner, joué à des jeux, bavardé dans le dôme de verre, mais tout le monde était un peu fatigué. Les gens du groupe venus d’Europe ressentaient le décalage horaire. Vers 22 h 30, comme il ne se passait rien, nous avons regagné nos cabines. »

« Une dizaine de minutes plus tard, alors que j’étais en train de me brosser les dents, j’ai regardé par la fenêtre et je me suis écriée : “Oh mon Dieu, elles sont là!”. Nul besoin d’un appareil photo ou de quoi que ce soit d’autre que nos yeux, on les voyait très bien. J’ai tout de suite envoyé des SMS à tout le monde, j’ai frappé aux portes… Certains sont retournés dans le dôme, mais d’autres ont préféré rester dans leur cabine et regarder les aurores depuis leur lit. Une dame a enregistré une vidéo. C’était surréaliste, on aurait dit une création artistique de Tim Burton : les arbres étaient des silhouettes noires, le train se déplaçait, on avançait dans ce paysage et les lumières montaient et descendaient dans le ciel. »

L’un de ses voyages les plus mémorables reste sans contredit sa lune de miel, il y a une dizaine d’années, passée à bord de différents trains, dont le Canadien. « Je me suis mariée à un Australien, raconte-t-elle. Comme il immigrait au Canada, nous sommes partis de Vancouver en train et nous sommes allés jusqu’à Halifax. »

Des amis les ont rejoints à différentes étapes du périple. « Au total, c’était un voyage d’un peu plus de deux semaines. C’était tellement relaxant! Contrairement à un centre de villégiature tout compris, en train, on change de décor tout le temps, on change d’activité souvent, on se repose, on socialise avec les voyageurs… Je le recommande vivement! »

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